Un chaton qui le vaut bien

chat persan Haute-Savoie Maison Tricorne

Comment expliquer le prix d’un chaton persan ?

Le prix auquel nous vendons nos chatons dépend de deux critères: la qualité du chaton (par rapport à l’idéal de perfection du standard), et sa destination (chat de compagnie, de reproduction, ou d’exposition). Tous nos chatons sont très qualitatifs de par leur aspect, leur caractère, mais aussi leur éducation et leur lignées. Mais il arrive (chose très fréquente chez le persan en général) que les dents poussent de travers. Cela ne se voit pas, et cela n’affecte en rien le chaton, c’est purement esthétique (encore faut-il ouvrir sa bouche pour le voir, ce qu’on ne fait pas toutes les trois minutes) mais cela lui interdit un parcours en exposition (notre femelle Sissy, est dans ce cas, comme nous l’expliquons dans la partie qui lui est consacrée: elle est magnifique, mais a un croc dévié). Du coup, bien que le chaton soit très beau, nous considérons qu’il présente un défaut (qui est par ailleurs porté sur le certificat de bonne santé fourni par le vétérinaire) et donc abaissons son prix de façon significative, ce qui, au vu des qualités qu’il présente par ailleurs, est un vil prix, et ce d’autant plus que ce défaut est constaté sur une dentition de lait, susceptible d’évoluer. D’ailleurs, nous avons pu constater que bien des chatons qui avaient des crocs de lait déviés à trois mois, ont eu une mâchoire tout à fait normale lors de la pousse définitive qui a lieu à six mois.

Mais avant d’expliquer le prix, en général, élevé des chatons persans de pure et bonne race, il faut d’abord revenir sur ce qu’est un éleveur: contrairement à l’idée reçue, l’éleveur qui vend des chatons ne se « fait pas de l’argent ». A moins d’avoir un élevage comportant au moins une cinquantaine de chats (et encore), il est impossible d’en vivre. Et que ce que l’on nomme « activité », ou pire, « commerce », est en fait une passion.

Et pour comprendre le fonctionnement humain et psychologique d’un éleveur, et d’un élevage (et pour autant qu’un élevage, même premium, ait une psyché!), il faut partir de l’origine, et à l’origine on constate cette vérité intangible :

Un éleveur a presque toujours commencé par ne pas en être un !

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C’était un être normal (si si, un être comme vous, ai-je envie de dire, ou comme moi avant!) qui avait juste acheté un beau chat.

Ce beau chat, sur les conseils de l’éleveur qui le lui avait vendu, il a décidé de l’exposer. Ce faisant, il a non seulement vu que ce chat possédait de belles qualités physiques, mais il a aussi rencontré des éleveurs qui lui ont montré, à travers leurs chats à eux, leurs résultats, et à travers des discussions sans fin derrière les cages d’expo sur les différentes qualités ou les différents défauts des chats présents, qu’il était, lui, le petit nouveau, le débutant, la bleusaille sortie de nulle part, qu’il était, donc, le maillon d’une chaîne, d’une longue chaîne de travail, de sélection, de choix, une chaîne qui s’inscrit, non dans le tiroir caisse d’un magasin sordide, mais dans une véritable quête de beauté.

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Beauté illusoire, certes, (un standard étant une forme d’idéal, comme le sont les canons de beauté, ou les figures mathématiques), mais Beauté dans laquelle on pouvait plonger les mains, comme on le ferait dans de la glaise ( Ô Pygmalion agricole! ) afin de tourner à son tour, de façonner, de sculpter une statue vivante, et quelque chose qui ressemble à de l’art. Et cette glaise est désormais là, devant lui, palpitante et offerte, disponible, infinie : le plus beau chat à créer, l’idéal à réaliser, à petits points, du cousu main, reprenant un par un chaque élément du standard, le nez, la queue, les yeux, et pour un peu on se croirait dans la célèbre scène d’ouverture du Mépris de Godard (« et mes fesses, tu les aimes, mes fesses ? » dixit Bardot elle-même)…

Alors cet amateur, désormais un peu plus éclairé, et plein de la fougue du débutant, a continué les expositions. Il a acheté d’autres chats, afin de les croiser avec son premier chat, pour préserver et intensifier ses qualités originelles en créant des chatons dont il conservait les meilleurs, ou les plus pertinents (qui ne sont pas forcément les plus beaux, mais les plus porteurs), et il les a exposés. Il a eu davantage de portées, il a dû s’inscrire à la MSA, recevoir une formation, et, à moins d’avoir le vice de la comptabilité dans le sang, peiner comme un forçat analphabète à remplir de nouvelles déclarations d’impôts (et je peux vous assurer que les formulaires CERFA ont quelque chose à voir, dans leur multitude, avec l’infini pascalien), les déclarations de TVA, tout cela pour se rendre compte que le vétérinaire était en train de devenir son meilleur ami, et que l’amitié cela s’entretient, et pas qu’un peu.

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Et il s’est rendu compte que tout cela dépassait le coût financier qu’il avait anticipé. Et que s’il voulait continuer à être un maillon de cette belle chaîne, il allait lui falloir vendre ses chatons, et les vendre un certain prix, sinon il ne pourrait plus suivre.

Car tout cela revient cher:

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  • Pour un éleveur, un beau chat apte à la reproduction et aux expositions coûte au MINIMUM 1800 euros. Oui. Ca fait bizarre la première fois… Et encore ce prix est un plancher (qui ressemble un peu à un plafond, mais bon, quand on aime, on ne compte pas, et on peut même se prendre pour un alpiniste). C’est bien plus souvent aux alentours de 2500 ou 3000 euros, voire davantage . Si je précise « pour un éleveur », c’est parce que d’éleveur à éleveur, les prix sont bien plus élevés que d’éleveur à particulier, et ce pour un même chaton. Ce qui fait que bien des éleveurs malhonnêtes (il y a des brebis noires partout, même dans le petit monde du chat) se font passer pour des particuliers lors de l’achat d’un chaton afin de bénéficier d’un tarif bien plus avantageux.

Comme on le fait souvent venir de l’étranger, ce beau chat, il faut rajouter soit les frais d’avion et les taxes d’importation (environ 800 euros), soit le trajet ( qui dépend de la distance, et là aussi on ne compte pas trop quand on a un coup de cœur pour un chaton).

  • A cela se rajoute le prix de l’entretien vétérinaire, les vaccins, les maladies, le suivi, les visites d’élevage obligatoires (une à deux par an selon la taille de l’élevage) et tout un tas de trucs qui vont de la petite balle pour faire mumuse (cinquante centimes d’euro) au somptueux arbre à chat (qui peut grimper à mille euros!), sans compter les jolis paniers, les shampoings de luxe, les outils de toilettage…

  • Et ces chats, il faut les nourrir, avec de la nourriture premium, et surtout pas celle de grande surface. Et le prix des croquettes, de l’alimentation en général (vu que vous ne prenez que de l’alimentation haut de gamme, sinon pas de beau chat et pas de beau poil en expo), cela monte très vite et très haut.

  • Comme vous continuez les expositions, et qu’une exposition coûte au moins 400 euros tout compris, une fois que vous avez compté l’inscription, les nuits d’hôtel, le trajet, la restauration, vous contemplez les comptes de votre chatterie baisser dangereusement et flirter de plus en plus avec le rouge (belle couleur dans d’autres circonstances, ceci dit)

  • Et en plus de tout cela vous devez régler une cotisation à la Mutuelle Sociale Agricole (sans bien avoir compris pourquoi d’ailleurs), même si vous n’avez que deux femelles en tout et pour tout, et reverser 20 pour cent de vos « ventes » (ventes que vous avez aussitôt réinvesties dans votre élevage) à l’État, qui va, en plus, vous taxer encore quand elles paraîtront sur votre déclaration de revenus.

Tous ces frais, qui sont d’autant plus élevés que vous avez des reproducteurs de qualité, donc chers à l’achat, et des chats primés, donc chers à l’entretien, se répercute sur le prix d’un chaton.

Et ce d’autant plus que le persan est le chat pour lequel il y a le plus de mortalité infantile, juste à cause de la conformation de sa face, et de l’atonie utérine fréquente dans cette race, qui fait que les bébés meurent souvent dans les quelques premiers jours de vie, à cause d’un accouchement difficile. A noter que les chats persans ne sont pas plus fragiles que les autres chats de race, une fois la première période de vie passée. Mais leur accouchement étant plus risqué (un peu comme celui des bouledogues), il y a plus de morts dans les premiers jours de vie.

Ainsi, alors qu’un autre éleveur d’une autre race de chat peut se reposer sur des portées de 5, 6, voire même 7 chatons parfois, tous viables, l’éleveur de persans table sur 3 ou 4 qui vont survivre, et parfois ne sauver que 2 chatons au total.

Voilà qui explique que si vous allez chez un éleveur déclaré, sérieux, soucieux d’améliorer la race qu’il élève, et donc achetant de beaux reproducteurs, et les exposant, vous aurez un chaton plus cher qu’en le prenant dans un magasin ou bien chez un total amateur qui ne serait pas inscrit dans une démarche professionnelle.

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C’est à ce prix, et à ce prix seul, que vous aurez, vous, acheteur, un chaton sans défaut, et sans maladie héréditaire dépistable, issu de parents primés, sélectionnés, véritables œuvres d’art de chair et de poil, tout en fourrure magnifique, en morphologie superbe et puissante, et au caractère adorable, car la sélection d’un éleveur sérieux ne se fait pas seulement sur un aspect formel, mais aussi sur un comportement.

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Et l’éleveur n’utilisera pas le produit de la vente qu’il vous a faite pour s’offrir des vacances de rêves, ou bien un collier de perles fines, mais il l’investira dans ce nouvel arbre à chat déhoussable qui lui fait envie depuis six mois, mais qui est bien trop cher, dans un autre superbe étalon ou dans la reproductrice de ses rêves, ou bien encore dans le financement d’un site qu’il utilisera comme vitrine pour montrer le résultat de ce travail qui lui aura tant coûté, en temps et en argent, et dont il pourra, à juste titre, être fier.

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